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en tete tome 1

 

 

L'enfant prodige

Tome 1

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          Mylène vient au monde le 23 septembre 1991 à Toul, ville proche de Nancy, en Meurthe-et-Moselle. Elle est le premier enfant d’un jeune couple qui vient de s’installer à la campagne dans un village voisin, Gye. Sa mère est puéricultrice et travaille de nuit au CHU de Brabois. Un jour, elle aura un accident sur l’autoroute Nancy-Toul en rentrant du travail après s’être endormie au volant. Mylène se souviendra toute sa vie de cette semaine interminable pendant laquelle sa maman oscilla entre la vie et la mort. Son père est professeur des écoles, travaille auprès d’élèves en difficulté et prépare les détenus de la prison Charles III au bac. À la maison, il a un petit bureau où il bosse une maîtrise de psychologie, et préfère qu’on le laisse tranquille quand il s’y enferme.

 

Deux ans après sa naissance, Mylène devient l’aînée de la fratrie avec l’arrivée de son petit frère. S’ils s’entendent bien, elle ne se sentira cependant jamais très proche de lui.

 

Gye est un terrain de jeu privilégié pour les deux enfants, avec ses champs et ses terrains vague. 199 habitants, une église, une mairie, des fermes et de la verdure à perte de vue. “C’est plus petit que dans mes souvenirs”, intervient Mylène alors que nous sillonnons les rues de son village natal. Elle n’y est pas retournée depuis le déménagement de sa famille à Nancy, il y a dix-sept ans. Pourtant, elle se souvient des noms scotchés aux boîtes aux lettres plantées devant son ancienne maison. Visiblement, plus personne n’y habite. Un panneau bringuebalant “terrain à vendre” confirme notre observation. Il ne reste que trois arbres dans le jardin jadis fertile.

 

 

“C’est plus que des ruines du passé, un squelette de la maison qui existait. Ça me fait un p’tit pincement au coeur, quand même."

 

 

Mylène préfère se rappeler le paysage d’antan, tableau d’une enfance heureuse. Le vitrail confectionné par un souffleur de verre, les vignes, le bouleau, la réserve de bois, la terrasse, le toboggan, les structures de jeux. La haie longeant le petit chemin qui menait jusqu’au verger, les pommiers, les cerisiers, les poiriers, les mirabelliers, le grand potager. “J’peux te dire qu’on avalait de la tarte et des confitures, y en avait pour tout l’hiver !”

 

La famille s’évade souvent en vacances. Elle a ses lieux de prédilection : Normandie, Oléron, Jura. “Pendant toute mon enfance et mon adolescence, on sortait rarement de l’hexagone”, me raconte-t-elle. Mylène attendra le lycée pour s’envoler à l’étranger.

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deux ans, c'est pas rien

          La fillette va à l’école de Blénod-lès-Toul, commune voisine assez peuplée pour accueillir un établissement scolaire. Les enfants de Gye, Moutrot, Crézilles, Colombey et Mont-le-Vignoble s’y rendent chaque jour, ramassés par le bus scolaire qui couvre les villages alentours. En classe, Mylène est plutôt vive, voire hyperactive. Brillante, elle s’ennuie et préfère la compagnie des adultes à celle de ses camarades.

 

Elle saute deux niveaux : la grande section de maternelle et le CM1. “Je pense que ça a été fait pour me canaliser”, avance-t-elle. La manoeuvre semble fonctionner, mais entraîne certains désavantages. “Ça a forcément un peu influé sur mon statut dans un groupe, dans une classe où j'étais toujours la plus jeune. Deux ans, c'est pas rien.” Surtout quand sa particularité est sans cesse pointée du doigt.

 

 

 

 

 

 


 

Bête de foire

Elle peine à s’intégrer aux activités sociales des garçons et des filles de son âge, et ce qu’ils semblent faire naturellement constitue une épreuve pour elle. Le contact avec les garçons lui paraît plus facile : “J'aimais bien les garçons parce que c'était plutôt des activités où il y avait moins de discussion et de prise de tête, donc moins d'occasions de me faire rejeter comme pas pareille que les autres, comme un peu bizarre.”

 

Pourtant, ce n’est pas avec la gent masculine qu’elle parviendra à nouer de liens forts, et ce, tout au long de sa vie. “J’ai toujours eu beaucoup plus d’amies filles que garçons, même à l’heure actuelle. Et j’ai l’impression que c’est plus rare et moins évident d’avoir des amis hommes”, analyse celle qui ne se souvient plus des garçons du primaire. Mylène a en général très peu d’amis et passe le temps seule, à faire vagabonder son imagination et inventer des histoires. “J’aimais bien les adultes, faire un peu la grande, et sinon je restais dans mon coin avec des bouquins”, me confie-t-elle.

 

 

 

 

 

 


 

des trucs qui nous passionnent

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          “J’avais tendance à dévorer tout ce que je trouvais autour de moi dans la bibliothèque.” Une soif de connaissance, de culture, de découverte qu’elle a gardée. Incapable de répondre à la question “qu’est-ce que tu veux faire comme métier quand tu seras grande ?”, elle sait en revanche ce qui l’intéresse. Et quand quelque chose attire sa curiosité, c’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle le connaisse sur le bout des doigts.

 

 

 

 

 

 


 

Premier amour

“Les choses qui m'intéressaient, je me plongeais dedans. J’ai toujours aimé la mode par exemple, je voulais avoir un savoir encyclopédique dans le domaine.” D’où ça lui vient ? Impossible de s’en rappeler. Une chose est sûre : c’est une passion de longue date. Enfant puis adolescente, elle accroche des posters de défilés haute-couture et de mannequins aux cloisons de sa chambre. “Tu sais, les trucs qu’on met sur les murs de sa chambre d’enfant, c’est souvent des trucs qui nous passionnent”, me dit-elle. Les langues l’attirent aussi, elle en apprendra plusieurs par la suite et les étudiera assidûment.

 

 

“Les langues, c'est des choses qui n'ont pas
de fin puisqu'on apprend toujours
des nouveaux mots.”

 

Tout ce qui peut nourrir son esprit est bon à prendre. Ses cadeaux de Noël sont des livres et des ordinateurs éducatifs, ses jeux favoris stimulent toujours la réflexion. Elle écrit, découpe, colle et couche dans un cahier ce qu’elle sait sur la danse, qu’elle pratiquera pendant dix ans.

 

 

 

 

 


 

Viser l'excellence

À quatre ans, Mylène est inscrite à un cours de danse à Toul, qu’elle continuera de suivre à Neuves-Maisons jusqu’à ses quatorze ans, malgré le déménagement de sa famille. Classique, folklorique, rythmique, jazz… elle expérimente tous les styles. Elle fait ses premières gammes à cinq ans chez une professeur de piano particulière et remporte un prix au prestigieux concours d’Épinal deux ans plus tard. En 6ème, elle intègre le conservatoire, poursuit les cours de piano et se met au violon. Son statut d’élève prodige et l’exigence qui en découle la suivent toujours.

être parfaite

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          Mylène n’a que neuf ans quand elle entre au collège. Sa famille vient de déménager, de quitter Gye pour Nancy, la campagne pour la ville. Elle est inscrite à Notre-Dame Saint-Sigisbert, un collège-lycée privé du centre-ville. Elle s’y sent plus heureuse, plus à sa place qu’en primaire, que dans son école publique où ses camarades la traitaient d’intello. “Avant, ‘intello’ c’était l'insulte qu'on donnait dans la cour de récré”, témoigne-t-elle. À partir du collège, c'est devenu positif.

 

 

“C'était valorisant et valorisé d'être brillante, bonne élève, de pouvoir en faire sa particularité en un truc positif plutôt que quelque chose
de dévalorisé dans le groupe.”

 

 

Mais en dépit de ce changement qu’elle apprécie, les relations avec les autres ne sont toujours pas simples. Mylène reste la plus jeune et la plus en avance, et doit intégrer un petit groupe d’enfants précoces, créé par l’établissement. À nouveau, elle se retrouve à part de la classe, coincée dans la peau d’une personne “censée être en marge ou avec un fonctionnement différent”.

Le droit à l'erreur

La jeune fille a du mal à se détacher des regards extérieurs, des gens qui ressassent, depuis sa tendre enfance, qu’elle est promise à un avenir brillant. Avec le recul, elle en est persuadée : le mieux qu’elle aurait pu faire, c’est de réaliser qu’on lui a assigné un rôle pour pouvoir s’en éloigner. “Mais c’est compliqué, ça prend du temps, et on ne peut pas du tout, quand on a dix ans, prendre conscience que l'environnement dans lequel on est, c'est pas forcément la normalité”, analyse-t-elle, “j’avais une pression de l'environnement que j'ai complètement intériorisée : d'être parfaite, de tout bien faire, de réussir…”


Si elle avait grandi ailleurs, peut-être n’aurait-elle pas été soumise à ces pressions. Peut-être ne serait-elle pas tombée de haut. Peut-être n’aurait-elle pas explosé, quelques années plus tard.

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Tome 2 - Bonjour jeunesse

 

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Vous venez d'ouvrir le tome 1, récit de l'enfance de Mylène. 

 

Pour comprendre son histoire, le texte et les vidéos sont indispensables. Les photos et objets à droite de l'écran le sont moins : ils complètent ou illustrent ce qu'elle raconte.

 

N'hésitez pas à parcourir les cahiers et albums photos : ils recèlent des descriptions sonores.

 

Bonne lecture !

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